Contribution

Indignation légitime

par Jonathan, Délégué du CLR pour la jeunesse 15 février 2011

L’actualité ne cesse de nous rappeler l’importance de notre engagement militant dans la diffusion et la protection de notre héritage républicain. Le CLR par la voie de son Président et les actions de ses membres reste vigilant face aux menaces sans cesse perpétrées à l’encontre de notre patrimoine humaniste et fraternel, porteur de progrès et de justice sociale. Comme il est de bon ton en ce début d’année 2011 de parler d’indignation… Nous n’attendions pas heureusement l’invitation de Monsieur Stéphane Hessel pour dépasser le stade même de l’indignation et s’engager dans l’action. La respectabilité de ce résistant au parcours personnel admirable et dont l’investissement pour la paix manifeste un altruisme remarquable, ne doit pas nous empêcher de garder une démarche critique.

Le propos de Monsieur Hessel me semble malheureusement déconnecté d’un monde plus complexe que celui dépeint en quelques pages. Il nous dessine un monde en noir et blanc où s’affrontent deux camps bien distincts. Ce manichéisme caricatural sombrant dans une victimisation stigmatisant un « ennemi » trop vite catégorisé, nuit au débat pacifié porteur de conciliation. Les clivages politiques et les doctrines inspirant les agents sociaux dans leurs visions du monde ont évolué depuis 1944. Ce que notre concitoyen semble plutôt négliger. Pourtant, les raisons de s’indigner ne se font pas rares tant sur le plan national que sur la scène internationale. Pour mieux comprendre les évènements de notre temps, il semble nécessaire de garder en mémoire les leçons du passé. Nous ne prendrons qu’un exemple. Il est question d’un phénomène national tout autant qu’européen et qui nous paraît mériter notre attention : l’extrême-droite et son discours d’un nouveau genre forgé depuis plusieurs années.

Fondé en 1972, le Front national vient d’élire un nouveau Président. Marine Le Pen offre à son parti un nouveau visage et dans ce travail méticuleux de représentation, le FN transforme son discours. Un discours qu’il convient de déconstruire. Le Grece et le Club de l’horloge ont été des cadres de réflexion qui ont inspiré le FN. Trois thèmes rassemblent aujourd’hui les partis d’extrême droite en Europe et concernent directement le cas français.

D’abord le nationalisme qui se veut détaché de tout propos raciste. Vous pourriez entendre des militants du FN vous expliquer qu’être Français, ce n’est pas une question de couleur de peau ou de religion, mais une question de sang. Creusez un peu et vous verrez resurgir les mêmes préjugés et mêmes résolutions à l’encontre de l’ « étranger ». A ce sujet, l’autre thème est le refus de toute immigration en raison de la préservation de l’Etat Providence. Non, ce n’est pas une erreur de frappe de ma part, car aujourd’hui refuser toute immigration se justifie par une volonté de garantir le bon fonctionnement de notre modèle d’Etat. L’idée est que la France ne peut recevoir toute la misère du monde (propos bien connus d’un Premier ministre socialiste), car nous ne pourrions leur offrir les conditions de vie décentes qu’ils méritent. Quelle pirouette !

Le dernier thème de convergence relève des valeurs et de l’attention portée aux conforts des citoyens. Il concerne entre autres la sécurité ou bien encore la condamnation de l’avortement. Mais devant ce renouveau du discours et de l’image des partis d’extrême droite, allant pour l’exemple français jusqu’à se faire le défenseur de la République et de ses principes fondamentaux comme la laïcité, ne soyons pas dupes. Le fond du Front reste identique. Ne laissons pas ce parti se faire le porte-parole de la République.

Non que celle-ci nous appartienne, à nous associations laïques ou partis républicains, car la République comme la laïcité transcendent les divisions sociales et politiques. La République est aux citoyens, elle est vôtre, elle est nôtre. Elle est de ces espérances poussant les Hommes à bâtir un monde social meilleur dans lequel nous serions libres et égaux, et œuvrerions à vivre dans le respect des autres et de nous-mêmes. Il nous faut réagir en républicains responsables pour que personne, pour qu’aucune génération à venir, ne puisse nous reprocher notre silence…

N’oublions pas que l’extrême droite est plus apte à reproduire le bruit des bottes qu’à entendre les cris du Peuple. Alors indignons-nous et réagissons ensemble !

Jonathan

Délégué du CLR pour la jeunesse


Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris

Tous droits réservés © Comité Laïcité RépubliqueMentions légales