Revue de presse

"Gagner son pain et son paradis" (J.-Y. Camus, Charlie Hebdo, 25 jan. 23)

Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite. 27 janvier 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Gagner son pain et son paradis".

"Tout part de l’injonction biblique de gagner son pain à la sueur de son front pour racheter le péché originel : le travail est plus qu’une nécessité matérielle, c’est une voie vers le salut, la clé d’un accès en bonne place dans le monde d’après.

Au XIIIe siècle saint Thomas d’Aquin écrit : « Le travail a quatre fins : d’abord et surtout il doit fournir le vivre, secundo il doit faire disparaître l’oisiveté source de nombreux maux, tertio il doit réfréner la concupiscence en mortifiant le corps, quarto il permet de faire des aumônes. » L’éloge de la paresse n’est vraiment pas catholique  ! Mais la volonté de casser les corps pécheurs ne transparaît-elle pas aussi dans cette indifférence à la souffrance ouvrière, au travail exténuant des femmes et des enfants, qui dura jusqu’au milieu du XIXe siècle, quand les « catholiques sociaux », qui étaient des cléricaux intelligents, comprirent qu’il fallait soulager la misère par la charité pour que l’homme et la femme de labeur n’envoient pas promener définitivement la religion  ? Le refus de prendre en compte la pénibilité de certaines tâches n’est-elle pas un reste de la mentalité qui considère l’homme fourbu, rentrant chez lui, comme quelqu’un qui, au moins, n’ira ni fauter ni contester  ? Si, sans aucun doute.

Or cette interprétation de la Bible, outre qu’elle n’est pas très sociale, est aussi sujette à débat. Dans l’Ancien Testament, qui est la base du judaïsme, le péché originel n’existe pas comme une damnation : la faute d’Adam et Ève n’est pas héréditaire, et l’homme dispose du libre arbitre d’aller vers le bien ou vers le mal. Conséquence pratique : il est bien de travailler pour vivre, pour pouvoir redistribuer, pour atteindre un équilibre entre l’étude des textes religieux et ce qu’on fait de ses mains, mais on peut aussi ne pas se consacrer du tout aux affaires profanes. L’étude à plein temps est tenue pour un travail, et celui qui s’y plonge est considéré, financé : il ne « glande » pas.

L’éthique chrétienne du travail a été considérablement changée par la Réforme, surtout chez les calvinistes. [...]"


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