Revue de presse

Dominique Schnapper : « La démocratie, c’est le compromis » (Le Figaro Magazine, 12 juil. 24)

(Le Figaro Magazine, 12 juil. 24). Dominique Schnapper, sociologue, politologue, directrice d’études à l’EHESS, présidente du Conseil des sages de la laïcité 14 juillet 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Dominique Schnapper, Les Désillusions de la démocratie, Gallimard, 288 p., 22 €.

JPEG - 10 ko

Lire "Dominique Schnapper : « Le populisme de Marine Le Pen n’est pas le fascisme de Mussolini »".

"[...] Il n’y a que dans les sociétés totalitaires que le chef suscite des adhésions passionnées. Mais il arrive que le ressentiment et la haine l’emportent sur le débat rationnel ! La haine est contradictoire avec la pratique démocratique, qui repose sur le débat rationnel et le sens du compromis. Or, aux États-Unis, la haine entre les adversaires politiques s’exprime avec une incroyable violence et, en France, la haine contre l’actuel président de la République devient un facteur significatif de la scène politique. Les démocrates sont « doux » écrivait Tocqueville, en tout cas, ils devraient l’être.

On sait que la perception du bien-être décroît à mesure que celui-ci augmente…

Dans nos démocraties extrêmes, le « ressenti » est privilégié malgré notre révérence affirmée pour la science. L’homo democraticus contemporain accepte de moins en moins les insuffisances de la démocratie, alors même que l’évolution va dans le sens de ses revendications. Les sociétés démocratiques sont de moins en moins inégalitaires, mais la conscience des inégalités ne cesse d’augmenter. [...]

On s’émeut beaucoup d’un débat politique polarisé. Après tout, la France a connu cela maintes fois. Les nouvelles radicalités sont-elles plus dangereuses ?

La radicalité est étrangère à l’ordre démocratique. Les acteurs politiques sont des concurrents, des rivaux, ou des adversaires, ce ne sont pas des ennemis. On veut abattre un ennemi, mais on s’oppose à ses adversaires. La radicalisation signifie qu’une partie des citoyens veulent sortir du jeu démocratique, et c’est dangereux.

On a invoqué dans ces législatives le retour aux années 1930, surtout pour justifier un Front républicain. Qu’en pensez-vous ?

Le populisme de Mme Le Pen n’est pas le fascisme de Mussolini. Et les émules de M. Mélenchon ne sont pas les soldats du Grand Soir. Ces partis ont respecté à ce jour les règles de la démocratie, même si M. Mélenchon a été tenté en 2022 de contester les résultats des élections, et même s’il a fermé les yeux sur l’antisémitisme de certains des membres de son parti. Du côté du RN, n’oublions pas qu’il a abrité des opposants de la démocratie que la dirigeante actuelle s’efforce de marginaliser."


Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales