Revue de presse

"Alexandra Henrion Caude ou la vaccination selon Jésus" (lepoint.fr , 29 mars 23)

31 mars 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Prenons l’exemple de la thèse développée dans Les Apprentis sorciers. Elle se résume simplement : le vaccin à ARN messager revient à une modification génétique de l’espèce humaine. Cette modification est une ouverture vers le transhumanisme, l’homme amélioré, le post-humain. Comprendre : les scientifiques ont créé un nouvel humain, ce sont « des apprentis sorciers ».

Mais dès qu’elle s’adresse directement aux catholiques, et plus particulièrement aux plus fondamentalistes, Alexandra Henrion Caude change d’horizon. Sa conférence – que nous évoquions plus haut – était organisée par le Centre d’études et de prospective sur la science (CEP).

Ce « centre », en apparence féru de connaissances scientifiques, est en réalité une organisation créationniste radicale qui se fait fort de « rétablir un pont nécessaire entre la foi et la science ». Dans les faits, le CEP s’appuie sur une lecture littérale de la Bible. La Genèse serait le récit historique et authentique de la création du monde. L’évolution des espèces est donc un mensonge et la Terre a été créée par Dieu en sept jours, il y a quelques milliers d’années.

La réalité de l’évolution ne fait plus débat dans la communauté scientifique, ni même au sein de l’Église : « Jean-Paul II, en 1996, a prononcé un discours devant l’Académie pontificale des sciences, dans lequel il invite très clairement les catholiques à reconnaître le fait de l’évolution », rappelle Jacques Arnould, théologien, historien des sciences et ancien dominicain. Quant à l’âge de la Terre, il est estimé à environ 4,5 milliards d’années…

Cette posture du CEP n’étonne pas le théologien : « Ils ont toujours ce désir de faire concorder les textes bibliques avec la science, quitte à la critiquer quand elle ne correspond pas à leur vision du monde. » Une manie visant à prouver l’existence de Dieu, que Jacques Arnould critique vigoureusement dans son dernier livre : Dieu n’a pas besoin de « preuves », paru en février dernier chez Albin Michel.

Mais revenons aux propos d’Alexandra Henrion Caude. Sa thèse sur la modification génétique de l’homme par le vaccin ARN s’éclaire dans le discours qu’elle tient auprès des fondamentalistes du CEP : « Je crois que l’évolution de l’homme, c’est celle-ci [elle montre, derrière elle, une représentation de la fresque de La Création d’Adam, NDLR], c’est celle qui nous fait passer de cette création que nous avons reçue, finalement, à des modifications génétiques et des interfaces homme-machine qui progressivement nous modifient. La modification génétique on y est, c’est l’ARN. »

Traduction : la technique transforme l’homme, création de Dieu. Et d’agiter tout l’épouvantail transhumaniste : « On ne va pas vous traiter du Covid. On va plutôt vous injecter un ARN messager de virus qui va vous augmenter. » Un véritable récit faustien, où l’homme devient Créateur.

Plus loin, elle insiste sur la dimension sacrée de la Création en reprenant le déroulé de la fécondation humaine, la rencontre de l’ovule et du spermatozoïde pour le biologiste, « la rencontre avec votre Dieu créateur » pour Alexandra Henrion Caude.

C’est d’ailleurs à ce moment de sa conférence que, dans une envolée lyrique, elle demande ce que le Christ aurait fait s’il avait été « humainement » parmi nous : « Se serait-il camouflé le visage avec un masque dans le temple ? Se serait-il tenu à distance des personnes malades ou saines ? Éloignerait-il les foules qui affluent tout près de lui ? N’aurait-il pu embrasser sa maman de peur de la contaminer ? N’aurait-il plus guéri ni le muet ni l’aveugle avec sa propre salive ? Se serait-il fait injecter avec des lignées dérivées de fœtus avortés ? Aurait-il accepté la logique transhumaniste qui augmente l’homme au niveau génétique en le mélangeant à une espèce virale ? » En d’autres termes, la politique sanitaire en période de pandémie ne devrait pas s’appuyer sur la science, mais sur une lecture à la lettre de la Bible. [...]"


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