Revue de presse

"A Paris, l’Institut des cultures d’islam ose l’union inédite de la prière et des arts" (lemonde.fr , 28 nov. 13)

29 novembre 2013

"Il aura fallu plus de dix ans pour que le projet, imaginé par la Mairie de Paris pour créer « un lieu d’échange sur les cultures de l’islam » et offrir des « conditions dignes » à l’exercice du culte musulman, sorte de terre. [...]

La pression immobilière spécifique à la capitale explique en partie le caractère inédit du montage financier prévu par la mairie. L’[Institut des cultures d’islam (ICI)] a vendu pour 2,2 millions d’euros une partie des locaux inaugurés jeudi à la Société des habous et lieux saints de l’islam, une association liée à la Grande Mosquée de Paris (GMP) – autrement dit à l’Algérie, dont les responsables politiques, au plus haut niveau, ont été informés du projet. Et il est prévu par contrat que la GMP puisse louer des mètres carrés supplémentaires dans les salles d’exposition les jours d’affluence.

Le pari était risqué et les détracteurs du projet porté par Bertrand Delanoë et Daniel Vaillant ne se sont pas privés de pointer les risques d’un financement public de structures religieuses, en violation de la loi de 1905, qui interdit la subvention des cultes. « Mais la loi n’interdit pas de se mêler des conditions dans lesquelles ils s’exercent », rappelle-t-on dans l’entourage de M. Delanoë. « C’est vrai qu’il a fallu trouver une association musulmane apportant des fonds “propres”, dans tous les sens du terme », souligne M. Vaillant. « Il fallait un acquéreur suffisamment crédible pour assurer l’achat des locaux, mais aussi les frais de fonctionnement, condition pour que la mairie reste dans les clous de la loi de 1905 », explique-t-on à la Mairie de Paris.

Cette première étape a donc été franchie, mais, signe des difficultés des associations musulmanes à boucler des budgets solides, le financement de la deuxième salle prévue pour 2015 n’est pas assuré. Evaluée à 2,7 millions, elle était à l’origine destinée à des associations représentant l’islam africain, très implanté dans ce quartier. Mais, malgré la sollicitation des pays d’origine, elles ne parviennent pas à réunir les fonds nécessaires. Faute de candidats, cette deuxième salle pourrait elle aussi tomber dans le giron de la GMP, « à condition qu’elle fasse une place aux associations africaines », souligne-t-on à la mairie.

« Les Algériens sont les seuls à avoir l’argent », constatent tous les observateurs. « La GMP entretient des liens privilégiés avec les pouvoirs publics, et est réputée pour sa défense d’un islam compatible avec la République ; cela constitue un gage de tranquillité pour la mairie. » Cette donnée est cruciale. La cohabitation entre un projet culturel municipal et des activités religieuses privées est sans précédent.

« La coexistence se fera en bonne intelligence, sans provocation d’un côté ou de l’autre », assure M. Vaillant. La partie culturelle de l’Institut a accepté de ne pas servir d’alcool, « pour ne pas choquer les croyants », mais selon ses promoteurs, les propriétaires musulmans du premier étage n’auront pas de droit de regard sur les expositions.

Quoi qu’il advienne, l’ICI ne réglera pas à lui seul la délicate question de la gestion du culte musulman dans ces quartiers. Les pouvoirs publics vont prochainement devoir trancher le sort de la caserne désaffectée mise à la disposition des musulmans en 2011, après la polémique sur les prières de rue du 18e arrondissement, lancée par Marine Le Pen. Un bail de trois ans avait alors été signé, prévoyant un loyer annuel théorique de 20 000 à 30 000 euros. [...]"

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